Créativité et naming (coronavirus)

"Un p***** de nom !"


" Une habitante de Wuhan qui part en voyage"

Après le H5N1, le SRAS, ebola, dans la famille "pandémie potentielle" voici désormais le petit nouveau : "coronavirus". Un virus à la campagne de communication plutôt "virale" et qui réussit à combler chaque trou éditorial de BFM ou CNews. Néanmoins il devrait bientôt changer de nom et se refaire une nouvelle peau. La newsletter du jour sera consacrée au naming.

Le "Brainstornaming", une prise de tête démesurée

Eh oui, vous voici à peine habitués au coronavirus qu'il est déjà possible que celui-ci change de nom. Le Point nous informe même que "le Comité international de taxonomie des virus (ICTV) est sur le pont depuis deux semaines pour résoudre le problème." Je vous laisse imaginer la séance de créativité à huis clos. Le premier problème étant que le coronavirus désigne une famille de virus et non précisément celui qui est en train de sévir. Le deuxième problème étant que le nom temporaire du virus est le 2019-nCoV, autant dire que ça posera quelques soucis aux journalistes mais représente un marché incroyable pour le monde de l'orthophonie.

Aujourd'hui le naming est un exercice redoutable. Vous lancez votre activité, vous vous prenez littéralement la tête pour trouver un nom avec une liste de critère longue comme le bras (facile à prononcer, facile à orthographier, en lien avec le contexte,...). D'une certaine manière vous évoluez dans un nid à contraintes et, qui plus est, généralement les noms sont déjà pris sur internet ou trop proches de noms qui desservent votre activité. Rajouter le fait ensuite de le vérifier à l'INPI, Institut National de la Propriété Intellectuelle, pour ce qui concernerait le dépôt de marque et potentiellement vous voilà devant un problème inextricable. C'est devenu l'exercice créatif prise de tête par excellence qui présente bien moins de libertés que l'on pourrait initialement penser.

L'usage versus le nom

Quand vous choisissez un nom, vous avez un peu cette impression démiurge de décider de son sort qu'il s'agisse d'un produit, d'un service ou finalement d'un enfant (pour reprendre la citation de Nicolas Boileau " Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement" ). Mais vous ne pourrez pas tout anticiper ou tout maîtriser. Si le choix du nom appartient au créateur, le fait de nommer appartient aux utilisateurs ou usagers. Un peu comme lors de votre premier jour dans une entreprise où vous avez écopé d'un surnom sans le comprendre et que vos collègues finissent par vous appelez de cette façon. Lorsque les autres s'habituent à un usage spécifique il devient difficile de changer en cours de route. (à réflexion ça vaut sûrement le coup de mettre des chercheurs dessus pendant plusieurs semaines ...)

A accorder trop d'importance au nom on oublie parfois son "produit" (si on peut ne pas oublier le vaccin pour le virus ce serait plutôt cool...). C'est surtout le fait d'avoir un bon produit qui fera que le nom n'aura d'importance que le fait d'être nommé, et que vous abandonnerez des notions d'esthétisme ou même de sens pur et dur. Si vous outrepassez l'anglais, regardez tout simplement le fait que vous achetez des ordinateurs "Pomme" avec des logiciels "Fenêtres"... Le brainstorming initial devait être assez poussé dans ces deux cas.
L'important reste de comprendre, que les gens se comprennent et que les usages basiques (écriture, prononciation) soient simplifiés, le reste c'est du bonus. Imaginez un seul instant l'évolution de l'humanité si la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme avait eu le nom d'un volcan islandais (le Eyjafjallajökull ou le Fimmvörðuháls par exemple)... Alors quitte à parler de créativité, trouvez un nom qui "fait l'affaire" et continuez à avancer sur votre projet.En tous cas, on a surtout hâte de voir le nom du vaccin...
Bon p***** de courage aux chercheurs qui planchent dessus !

A dans deux semaines,

Gauthier (d'ailleurs cela signifierait "chef des armées")

P.S : je vous invite à vous faire la page wikipedia sur l'origine des noms de famille , c'est une invention du XIème siècle avec un usage très précis, celui de distinguer les personnes à une époque de forte poussée démographique. A l'époque on ne s'est pas trop pris la tête, on avait le nom de son métier, du lieu où l'on habitait ou même d'une particularité physique.

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